Le Judo, la plus belle invention du Japon.
Au Japon, une légende dit que les principes du Judo furent découverts par un moine, lors d'un terrible hiver en observant les branches d'arbres chargées de neige. Les plus grosses cassaient sous le poids, les plus souples pliaient et se débarassaient de l'agresseur naturel.
Ce qu'il avait découvert du comportement des branches pourvait peut-être servir aux hommes...
C'est en observant les techniques de Ju-Jutsu, que les samouraïs utilisaient dans leur lutte pour la survie, que Jigoro Kano, universitaire de haut rang, fin lettré et maître en arts martiaux, révélait en 1882 cet art un peu mystérieux : le Judo, littéralement "voie de la souplesse".
Ce véritable art de vivre aux valeurs pédagogiques, mélange typique d'exercices physiques et spirituels, propose à l'individu un ensemble de règles de conduite propice à l'épanouissement. Loin des préceptes figés et des commandements rigides, le judoka apprend à contrôler son corps et à se maîtriser.
Jigoro Kano supprime les coups frappés des anciennes techniques de combat pour ne retenir que projections et contrôles. Il impose la saisie du Judogi.
Son objectif est alors de développer un système sportif et éducatif sans aucun danger pour les pratiquants.
L'Histoire est désormais en marche et le Judo connaît un essor fantastique, bien au-delà de son Japon natal. Il est aujourd'hui en France le 3ème sport le plus pratiqué, avec plus d'un demi-million de licenciés à la Fédération Française de Judo.
Jigoro Kano est né le 28 Octobre 1860 au Japon, dans le village de Mikage. C'est un élève brillant, mais de faible constitution. Il décide alors de fortifier son corps par la pratique de la Gymnastique et du Base-Ball. Mais ces sports s'avèrent trop durs pour sa faible constitution.
De plus, il est souvent bousculé par certains de ses camarades, qui se moquent de lui. Blessé dans sa fierté de fils de samouraï, il décide d'étudier le Ju-Jutsu, sous la direction du maître Fukuda en 1877.
En 1881, il est diplômé de l'université de Tokyo et fonde en 1882 le Kodokan (école où on étudie la voie). Il y enseigne une pratique nouvelle : le Judo, qui fait la syntèse des différentes techniques de Ju-Jutsu. Mais la finalité de la méthode de combat a changé. Autrefois un but, la victoire sur l'autre n'est ici qu'un moyen et le Judo devient un outil d'éducation. La même année, il est nommé professeur au collège des Nobles.
De 1889 à 1891, il parcourt l'Europe comme attaché au ministère de la Maison Impériale. En 1891, il est nommé conseiller au ministère de l'Éducation Nationale. En 1909, le Kodokan devient une institution publique, et Jigoro Kano devient le premier japonais membre du Comité International Olympique (C.I.O.).
En 1922, il est élu membre de la Chambre des Pairs. Le 4 Mai 1938, il meurt d'une pneumonie sur le navire qui le ramène du Caire, à la suite d'une conférence du C.I.O. À titre posthume, il reçoit le 2ème rang impérial (une très haute distinction récompensant les services rendus à l'Empereur).
Le grade en Judo matérialise les progrès dans l'habilité et la compréhension de cette discipline.
Trois éléments inséparables sont pris en compte pour l'attribution d'un grade.
SHIN: Le mental, l'état intérieur, les qualités de l'esprit : comme la modestie, la témérité, la loyauté,. la concentration,
GI: Le savoir faire technique et tactique
TAÏ: Le corps, les qualités physiques, l'efficacité en combat.
Tous les trois doivent exister simultanément et tous les trois doivent être totalement concernés par la pratique. S'il manque une chose, tout s'écroule. Le corps sans technique est inutilisable, sans esprit il n'est qu'un sac vide. La technique ne peut s'appliquer que par le corps mais c'est l'esprit qui la fait vivre et progresser. L'esprit qui méprise le corps et se désintéresse de la technique n'est qu'une illusion génératrice de déséquilibre.
Mais les proportions entre eux sont différentes, suivant les âges de la vie. Dans la jeunesse, Taï le corps est très fort, très résistant, Gi la technique est encore faible, et Shin l'esprit est seulement au début de son développement. A quarante ans, Taï est moins fort, mais Gi est meilleur et Shin commence à s'affirmer. A soixante ans, Taï a déjà faibli, Gi la technique est à son apogée, et Shin est très fort. A quatre-vingts ans, Taï est devenu très faible, Gi est encore très bon et Shin est supérieur. Dans l'ensemble il y a donc une progression, une amélioration constante.
sources : Le sabre et la vie - C. Durix
Dojo, le temple du sabre - P. Delorme
Le judo est un moyen d’éducation. Conçu par Jigoro Kano, il s’appuie sur l’étude et la pratique d’un système d’attaque et de défense, issu de différents systèmes de combat traditionnels japonais (jujutsu) qui privilégient les techniques de projection et de contrôle. Une pratique sincère et régulière, prolongée dans le temps, guidée par les principes essentiels du judo et le respect de ses fondements, favorise l’accession à l’autonomie, à la maîtrise de soi, au respect des autres, à une meilleure appréhension du réel. C’est la valeur éducative du judo qui est transcrite par l’idéogramme Do/michi (cheminement, voie, domaine d’approfondissement) du mot judo.
Trois principes essentiels et indissociables, retenus par Jigoro Kano, guident la pratique du judo.
Le premier principe est celui de la souplesse, de la non-résistance, de l’adaptation. Il est si étroitement lié à la discipline qu’il lui donne son nom: faire du judo, c’est s’engager dans la voie (do/michi) de l’application du principe de l’adaptation (JU). Il invite à s’élever dans la pratique au-delà de la seule opposition des forces musculaires, pour parvenir à une véritable maîtrise des lois subtiles du mouvement, du rythme, de l’équilibre, des forces. Ju est une attitude.
Le second principe est la recherche du meilleur emploi possible des énergies physiques et mentales. Intégrant le premier principe et le dépassant, il invite à l’application de la solution la plus pertinente à tout problème: Agir juste, au bon moment, avec un parfait contrôle de l’énergie employée, utiliser la force et les intentions du partenaire contre lui-même... Seiryoku Zenyo est un idéal.
Le troisième principe est l’entente harmonieuse, la prospérité mutuelle par l’union de sa propre force et de celle des autres. Découlant de l’application sincère des deux premiers principes, il suggère que la présence de partenaires et celle du groupe soient nécessaires et bénéfiques à la progression de chacun. En judo, les progrès individuels passent par l’entraide et les concessions mutuelles. Jita Yuwa Kyoei est une prise de conscience.
La pratique du judo nécessite un ensemble d’éléments essentiels et indissociables.
C’est le lieu de la pratique. Espace d’étude et de travail, il isole les pratiquants de l’agitation extérieure pour favoriser la concentration et la vigilance, permet ’organisation de la séance de judo. Au-delà de sa simple existence physique, le dojo constitue aussi un lien mental et affectif qui unit les pratiquants.
Le judoka accepte les règles explicites du dojo: la ponctualité, la propreté, l’écoute, le contrôle de ses actes et de ses paroles. Il s’efforce d’en respecter les règles implicites: l’engagement et la constance dans l’effort, l’exigence personnelle.
Le judogi blanc du judoka est simple et résistant. Identique pour tous, il souligne l’égalité devant l’effort dans le processus permanent d’apprentissage.
Il est le garant du processus de progression dans lequel il est lui-même impliqué. Il guide l’apprentissage vers maîtrise technique en s’appuyant sur les principes essentiels et les fondements du judo. Le professeur est un exemple.
Le judo se pratique à deux partenaires. Le judoka tient compte de l’autre et s’adapte à la diversité de chacun. Il respecte l’esprit des différents exercices.
Le salut est la marque formelle du respect du judoka pour le professeur, pour le partenaire, pour le lieu de pratique, pour l’espace de combat. Il ouvre et il ferme chaque phase essentielle de la pratique.
La pratique du judo demande une saisie entre les deux judokas. Elle joue un rôle prépondérant. C’est un vecteur de perception des sensations et de transmission des forces utiles pour contrôler, déséquilibrer ou projeter. La saisie est évolutive, elle s’adapte aux partenaires et aux circonstances.
Aucune projection de judo n’est possible sans un judoka pour l’effectuer et un autre pour la subir. L’acceptation et la maîtrise de la chute sont nécessaires au judoka pour garantir son intégrité corporelle mais aussi ses progrès futurs. La chute est une épreuve mentale aussi bien que physique.
L’efficacité du judoka se construit sur l’étude approfondie et la maîtrise progressive de postures, de déplacements, d’actions de création et d’accompagnement du déséquilibre du partenaire, de formes techniques fondamentales, de facteurs dynamiques d’exécution. Cette base commune de connaissances et d’habiletés donne à chacun les moyens d’élaborer par la suite sa propre expression du judo.
Le randori permet la rencontre de deux judokas dans une confrontation dont la victoire ou la défaite n’est pas l’enjeu. L’expérience répétée du randori ouvre à l’acquisition du relâchement physique et de la disponibilité mentale dans le jeu d’opposition, à la mise en application dynamique des techniques acquises, à l’approfondissement de la perception dans l’échange avec le partenaire, à la compréhension et à la maîtrise des différents principes d’attaque et de défense. Il est pratiqué dans une perspective de progression.
Le shiai oppose deux judokas dans une confrontation dont la victoire ou la défaite est l’enjeu. Il se livre contre un autre judoka connu ou inconnu, en fonction de règles qui permettent de déterminer le vainqueur. Il n’est pas l’aboutissement mais l’un des aspects essentiels de la pratique du judo.
L’expérience répétée du shiai ouvre à la dimension tactique et psychologique du combat. Le shiai est une épreuve de vérité, un test mutuel d’ordre technique, physique et mental.
Le kata est un procédé traditionnel de transmission des principes essentiels du judo. Il consiste à mémoriser un ensemble de techniques fixé historiquement et à xécuter cet ensemble de façon précise en harmonie avec le partenaire, La forme bien maîtrisée doit permettre l’expression sincère du geste de combat, l’engagement total sur le plan mental et physique des exécutants. Outil de stabilité et de permanence, le kata est un lien entre tous les pratiquants d’aujourd’hui et ceux qui les ont précédés.
Le grade symbolise une progression globale du judoka sur le plan mental (shin), technique (gi) et physique (tai) dont la ceinture est la marque apparente. La einture noire manifeste l’accession à un premier niveau significatif dans cette progression. Le grade est aussi le symbole de l’unité des judokas, formés par un travail commun, par des épreuves communes. Le judoka doit poursuivre sa formation vers le grade suivant. Le grade est une reconnaissance et une responsabilité.
(source ffjda)